Carole Lombard - Bio et Photos
Carole Lombard (née Jane Alice Peters le 6 octobre 1908 à Fort Wayne, Indiana, États-Unis – morte le 16 janvier 1942) est une actrice américaine de la première moitié du xxe siècle. Elle est surtout connue pour ses rôles dans des comédies des années 1930 devenues des classiques. Elle commence sa carrière à la fin des années 1920 dans la troupe des Bathing Beauties de Mack Sennett. Mariée à l'acteur Clark Gable, elle meurt dans un accident d'avion.
" Le regard clair et franc de Carole Lombard , qui transcendait le public des années 1930, est intemporel. Impossible de passer à côté de cette étoile filante qui, en dépit de la brièveté de sa carrière, sera entrée dans la légende hollywoodienne en imposant son style sans pareil. Avorté trop tôt, son parcours cinématographique a commencé sous les auspices prometteurs de l’ère du muet, avant de se finir tragiquement. Retour sur une comédienne au destin brisé, à retrouver sous les traits de Mrs. Smith dans le classique éponyme d’Hitchcock, en DVD dans la collection Patrimoine - Romances et Comédies romantiques .
Beauté fragile
Épouse de Clark Gable , Carole Lombard a partagé la vie de la star d’Autant en emporte le vent , mais aussi celle de millions de spectateurs, pour qui elle était un visage familier. Née Jane Alice Peters au début du siècle dernier, elle possède à la fois des origines allemande et anglaise. Benjamine d’une fratrie de trois enfants, elle grandit dans l’Indiana et n’a que 5 ans quand un premier malheur dessine une ombre au tableau de sa jeune existence : la séparation de ses parents, conduisant sa mère à l’entraîner, avec ses frères, en Californie. Cette nouvelle vie à Los Angeles est d’abord un déracinement, mais sera aussi le décor dans lequel se nouera son glorieux destin. Férue de sport (tennis, volley, natation, athlétisme) et cinéphile précoce, la fillette trouve à s’occuper. Avec ses airs de garçon manqué , elle fait ses classes, sans se douter que, déjà, elle se distingue de ses petites camarades par sa beauté naturelle.
Très vite, cela va lui ouvrir les portes du septième art, puisque c’est du haut de ses 12 ans que Carole Lombard apparaît pour la première fois à l’écran. Le mélo A Perfect Crime marque ses débuts, dans le costume de la sœur de Wally Griggs (Monte Blue). Nous sommes en 1921 et l’avenir semble tout tracé pour cette adolescente aux traits aussi parfaits que le titre du film qui la révèle. Allan Dwan , qui réalise ce long muet, est celui qui, selon la légende, l’aurait repérée sur un terrain de baseball improvisé, tandis qu’elle jouait avec ses amis. Malgré ce coup de pouce, Carole Lombard connaît des débuts hésitants, ne parvenant pas à transformer ses auditions en contrats. En 1925, après deux apparitions non-créditées ( Gold Heels de W.S. Van Dyke et Dick Turpin ), ainsi qu’un bout d’essai non-concluant pour La Ruée vers l’or , l’actrice débutante est à un moment charnière de sa vie.
Nommée aux Oscars
À 17 ans , elle doit subir une opération de chirurgie esthétique pour masquer la cicatrice que vient de tracer sur sa joue un accident de voiture. Sa carrière naissante manque de lui échapper et, par la suite, la comédienne veillera toujours à ce que sa mise en beauté et la lumière dissimulent l’infime marque qui lui restera de ce drame. Ses premiers véritables projets sont placés sous le signe de l’aventure, mais c’est dans un autre registre que la comédienne perce : la screwball comedy . Un type de films auquel elle vient en douceur, en s’illustrant auparavant dans une quinzaine de sketches signés Mack Sennett , entre 1927 et 1929, où elle joue de ses charmes en devenant l’une de ses Bathing Beauties. La décennie 1930 est la sienne. Accédant à des rôles de premier plan, Carole Lombard a désormais l’opportunité de faire éclater le talent dont elle est douée.
Comme il le fera avec Lauren Bacall, Howard Hawks joue les pygmalions avec elle, en lui offrant une screwball comedy à sa mesure, Train de luxe (1934). Film de la consécration populaire, il l’encourage à poursuivre dans cette voie. Citée à l’Oscar de la meilleure actrice en 1937 pour Godfrey , romance dont elle partage l’affiche avec William Powell qui fut son mari avant qu’elle ne lui préfère un autre séducteur à fine moustache. Au crépuscule de sa vie, Carole Lombard aspirait à des rôles plus exigeants et avait entrepris d’opérer un virage plus sérieux dans ses choix artistiques. Une réorientation qui lui aurait peut-être permis de décrocher la statuette tant convoitée. Le destin ne lui en laissera toutefois pas le temps, car la jeune femme de 33 ans meurt dans un accident d’avion , alors qu’elle était de retour d’une tournée de soutien à l’effort de guerre (les fameux War Bonds).
Elle laisse l’image de la jeune femme débordant de joie de vivre qu’elle a si souvent endossée dans les screwball comedies qui l’ont rendue célèbre. Mr. and Mrs. Smith (1941) sera son avant-dernier film, avant que le To Be or Not to Be de Lubitsch – sorti à titre posthume l’année suivante – ne mette un terme à sa brillante carrière."
Site Warner Bros
"Sa jeunesse
L'une des stars les plus indépendantes d'Hollywood voit le jour dans une famille bourgeoise du Middle West. Carole Lombard est née le 6 octobre 1908 à Fort Wayne dans l'Indiana. Elle est le troisième enfant de Frederick C. et Elizabeth Knight Peters qui la prénomme Jane Alice. Les Knight et les Peters sont deux riches familles de Fort Wayne. (C'est l'arrière grand père de Carole qui a fait poser le câble transatlantique).
La petite fille grandit dans un milieu très privilégié, ce qui lui donne très tôt une grande confiance en elle. Mais les relations conflictuelles avec ses parents affectent la jeune enfant. Frederick Peters, victime d'une blessure à la tête, souffre de douleurs permanentes et de sautes d'humeurs très violentes. Son caractère imprévisible contraste avec la personnalité exubérante et haute en couleur de sa femme. Jane ne s'entend pas avec son père et quand elle a besoin d'affection et de soutien, elle se tourne toujours vers sa mère qu'elle appelle Totsie. Totsie élève Jane pour qu'elle soit indépendante. C'est une mère formidable et Jane se sent très proche d'elle. Totsie ne ressemble pas aux mères de l'époque (elle adore, par exemple, la numérologie. Elle tire les cartes et lit les lignes de la main). Elle connaît également la foi Baha'ie qui prône l'égalité totale entre les hommes et les femmes, idéologie qu'elle enseigne à sa fille.
Jane devient bientôt un intrépide garçon manqué. Elle partage les jeux et les bagarres de ses deux frères aînés : Frederick et Stuart. En 1914, les deux garçons aident leur petite sœur de six ans à supporter la séparation de leurs parents. Madame Peters emmène alors les trois enfants en Californie pour entamer une nouvelle vie. L'argent de la famille leur permet de s'installer dans un quartier de la classe moyenne près du centre de Los Angeles. La petite fille se sent parfaitement à son aise dans le brouhaha et l'agitation de la grande ville. Los Angeles est alors en pleine expansion grâce au boom de l'industrie du cinéma. Jane se précipite chaque semaine dans la salle de son quartier et rêve de vivre les aventures qu'elle voit sur l'écran. (Ses stars favorites étaient Kathlyn Williams et Pearl White dans des séries d'aventure où elles triomphaient toujours. Jane adorait ce type d'héroïne).
Ses débuts dans le cinéma muet
En 1921, la pétillante adolescente de douze ans a un premier aperçu d'Hollywood. Tandis qu'elle apprend à faire de la boxe chez un voisin, elle est repérée par un certain Allan Dwan, réalisateur de cinéma. Dwan la trouve parfaite pour un petit rôle dans son nouveau projet, un drame intitulé A Perfect Crime. Le film ne reste pas dans les annales mais ce premier contact avec la comédie donne à Jane l'envie de continuer.
L'ambition de Jane est favorisée par sa beauté naissante. En 1924, à quinze ans, elle est élue reine de mai dans son lycée. Peu après, elle est invitée à passer une audition pour le légendaire Charles Chaplin qui cherche une partenaire pour son prochain film. Jane ne décroche pas le rôle mais sa rencontre avec Chaplin attire l'attention d'un autre personnage important d'Hollywood : Wilfried Sheehan, le patron de la Fox. Sheehan est impressionné par son aplomb et son charme. En octobre, il fait signer un contrat d'un an à cette apprentie starlette. Avec la bénédiction de sa mère, elle arrête ses études et accepte de prendre un nom plus exotique que Jane Alice Peters, devenant ainsi Carole Lombard (Une de ses amies s'appelait Carole et elle connaissait des Lombard dans l'Indiana).
Au cours de l'année suivante, Carole obtient quelques petits rôles comme celui qu'elle interprète dans le film catastrophe The Johnstown Flood avec Janet Gaynor ou encore dans un western : Hearts and Spurs, avec le cow-boy vedette de la Fox, Buck Jones. A la ville, cette garçonne de dix-sept ans se soucie peu des conventions. Les années folles battent leur plein et elle profite de tous les plaisirs que lui offrent la vie. Elle est très à l'aise avec sa sexualité et adore être le centre d'attention. On la voit souvent dans les soirées et les boîtes à la mode ; en général, aux bras d'hommes séduisants.
Mais la jeune actrice qui n'a pas sa langue dans sa poche manque d'expérience pour transposer à l'écran sa personnalité bouillonnante. En 1926, elle est très déçue quand la Fox ne renouvelle pas son contrat après seulement six films.
Quelques mois plus tard, une terrible épreuve attend la tourbillonnante Carole. Juste avant son dix-huitième anniversaire, elle part en virée avec des amis. Leur aventure prend un tour dramatique quand le conducteur perdant le contrôle du véhicule provoque un accident. Elle traverse le pare-brise et un éclat de verre lui entaille le visage sur 6 ou 7 cm sur la joue gauche, jusqu'au nez. Carole est transportée à l'hôpital où son beau visage est recouvert de bandages. Elle attend avec angoisse le moment de les enlever, craignant d'être défigurée à vie. Mais quelques semaines plus tard, elle est soulagée de constater qu'elle n'a qu'une petite cicatrice sur la joue.
Elle retrouve bientôt son ambition et son énergie et se démène plus que jamais pour relancer sa carrière. En 1927, après une série d'auditions décevantes, la jeune actrice est finalement engagée par le réalisateur de comédies burlesques Mack Sennett, le "roi de la comédie", pour jouer dans ses courts métrages comiques. Carole prouve rapidement qu'elle est plus qu'une jolie jeune fille à la silhouette gracieuse. Elle découvre alors que le côté débridé des films de Sennett convient parfaitement à sa personnalité et que son talent comique ne fait aucun doute. Même quand elle fait la folle dans des scènes comiques, elle garde son naturel et son aplomb. Elle apprend beaucoup avec Mack Sennett, notamment le sens du rythme.
L'arrivée du parlant
En 1928, Hollywood passe à grands frais du cinéma muet au parlant et de nombreuses stars se retrouvent bientôt au chômage. C'est une chance pour Carole car elle possède une voix mélodieuse comme elle le prouve dans des films parlants tels que Show Folks et High Voltage.
En 1930, elle donne un nouveau coup d'accélérateur à sa carrière en jouant dans la comédie Safety in Numbers. Sa prestation lui vaut un contrat de sept ans avec la Paramount pour un cachet de 375 dollars par semaine. Carole Lombard sait que sa carrière est lancée, bientôt elle sera l'une des stars montantes d'Hollywood.
William Powell
Au début des années 30, Carole continue à tourner des films et des publicités. Ce qui ne l'empêche pas de trouver le temps de tomber amoureuse, souvent de ses partenaires à l'écran. Parmi ses nombreux amants, il y en a un qui sort du lot : William Powell avec qui elle tourne Man of the World en 1931. Malgré une différence d'âge de seize ans, Carole est éblouie par la sophistication et le charme de Powell tandis qu'il est séduit par sa chaleur et sa confiance en elle. En juin, Carole Lombard, vingt-trois ans, épouse William Powell, trente-neuf ans, lors d'une cérémonie privée à Beverley Hills.
Mais bien vite, le mode de vie tranquille de William s'accorde mal avec la nature indépendante et parfois extravagante de Carole. C'est un couple surprenant car William est guindé et distingué tandis qu'elle est délurée avec un côté délirant. (Lui aimait par exemple les danses de salon et Carole, le jazz).
En 1932, alors que son couple bat de l'aile, Carole fait équipe avec une star prometteuse prêtée par la MGM, un certain Clark Gable. Le film est une comédie un peu osée : No man of her own. A l'écran, le couple fait des étincelles mais en coulisses, le courant ne passe pas entre l'actrice indomptable et le séduisant acteur. Elle le trouve prétentieux (Clarkpossède à l'époque une sacrée réputation auprès des femmes). Après le tournage, ils s'offrent mutuellement des cadeaux assez particuliers pour être quitte et enterrer la hache de guerre...
En 1932 toujours, Carole se sent de plus en plus étouffée par sa vie conjugale et entame alors une liaison avec le scénariste Robert Riskin. Cette aventure a raison de l'union entre Lombard et Powell. En juillet 1933, après deux années difficiles, le couple se résout à divorcer. Malgré leur divorce, William ne dira jamais du mal de Carole, il est toujours élogieux à son égard. Carole non plus n'a aucune animosité envers son ex-mari. Elle sait que leurs personnalités sont simplement incompatibles. Pendant les mois difficiles qui suivent le divorce, la jeune actrice de vingt-cinq ans rend souvent visite à son amie Elizabeth Stack et se lie d'amitié avec son jeune fils alors adolescent, Robert.
Russ Columbo et ses premiers grand succès
Cependant, bien vite, la vie amoureuse de Carole prend un nouveau tournant quand en 1933, au cours d'une soirée avec Robert Riskin, elle fait la connaissance de l'un des chanteurs de charme le plus connu des Etats-Unis : Russ Columbo, surnommé le "Roméo chantant". Quelques jours plus tard, la star de cinéma et le chanteur deviennent inséparables. Ils sont tout deux plein d'énergie et très expansifs et forment ainsi un couple soudé.
Le bonheur sentimental de Carole coïncide avec sa meilleure prestation à l'époque. Après plus de quarante films, elle est choisie pour une comédie d'Howard Hawks qui voit en elle un potentiel encore inexploité. Dans Twentieth Century aux côtés de John Barrymore, Carole joue le rôle d'une star de cinéma excentrique poursuivie dans un train par un producteur de théâtre désespéré qui n'est autre que son ex-mari. (Les premiers jours de tournage ont été catastrophiques. Carole était intimidée d'avoir pour partenaire une légende comme John Barrymore. Howard Hawks lui a dit : Rejoue la scène, frappe-le, gifle-le, fais ce qui te passe par la tête mais arrête de jouer la comédie. Si tu continues à jouer, je te vire. Barrymore a été pris par surprise. A partir de ce moment-là, Carole a senti qu'elle jouait mieux). A mesure qu'elle prend confiance dans ses talents d'actrice, Carole n'est plus intimidée par John Barrymore. Elle se lie alors d'amitié avec le célèbre acteur et sa nouvelle femme Elaine.
Carole Lombard est de toutes les fêtes hollywoodiennes et l'ancienne garçonne délurée des années vingt organise des soirées qui comptent parmi celles des plus courus du Hollywood des années trente. (Elle invitait les techniciens comme Louis B. Mayer. Elle mélangeait tout le monde. Les gens connus n'appréciaient pas particulièrement mais elle ne se préoccupait pas de cela, faisant toujours ce qui lui semblait juste).
En 1934, Carole est aux anges quand après un an de liaison, Russ et elle décident de se marier. Mais le 2 septembre de la même année, l'actrice reçoit une nouvelle tragique : Columbo était chez un ami, il manipulait un vieux pistolet. Le coup est parti tout seul. Après avoir ricoché, la balle lui a traversé l'œil, le tuant sur le coup. Carole est alors anéantie. A l'enterrement, elle s'effondre sans pouvoir se contrôler. Elle dira plus tard que Russ Columbo a été son grand amour.
Après la mort de Russ Columbo, Carole va devoir une fois encore puisé dans sa force intérieure pour se relever du plus grand drame de sa vie. En 1935, à vingt-sept ans, elle surmonte la douleur qui l'accable en se jetant à corps perdu dans le travail aux studios de la Paramount. L'actrice tourne principalement des films de séries B mais son sérieux et son professionnalisme ne sont jamais pris en défaut. Coopérative avec le studio et la presse, elle se taille la réputation d'une actrice on ne peut plus professionnelle. Elle s'emploie également à défendre les faibles. Par exemple, un jour, un caméraman est renvoyé à la demande d'un acteur. Carole fait alors grève et l'employé a retrouvé son emploi grâce à son soutien.
Parmi ses plus grands fans, on trouve son ex-mari William Powell à qui elle doit un sérieux coup de pouce. Tournée en 1936, la comédie My man Godfrey raconte l'histoire d'un clochard qui devient majordome et sème la pagaille dans une famille de la bonne société. A l'origine le premier rôle féminin devait revenir à Myriam Hopkins mais Powell a une meilleure idée : il accepte de jouer Godfrey à la condition que Carole soit sa partenaire. Le studio est surpris car ils viennent de divorcer mais pour lui c'est l'actrice idéale, n'ayant pas peur de se moquer d'elle-même. Elle est merveilleusement cinglée avec un grand naturel, expliquera Robert Stack. Pendant le tournage, Carole confirme ses talents comiques mais elle prouve aussi sa générosité. En cas de tension sur le plateau, elle fait exprès de rater les prises pour détendre l'atmosphère.
Clark Gable
L'efficacité de Carole en tant qu'actrice vient en partie de son sens du burlesque qui contraste avec son élégance. My man Godfrey est un triomphe critique et publique qui lui vaut sa première nomination aux oscars.
La vie privée de Carole est également au beau fixe. En janvier 1936, elle préside le bal Mayflair à Beverley Hills où elle retrouve son partenaire d'autrefois, Clark Gable. En quatre ans, Clark est passé du statut d'acteur prometteur à celui de star la plus convoitée d'Hollywood et ce malgré ses doutes sur son propre talent. Marié deux fois à des femmes plus âgées que lui, il reste un incorrigible coureur. Ce soir-là, il tombe sous le charme de Carole. Ils discutent tous les deux puis s'éclipsent ensemble de la soirée.
Ces retrouvailles impromptues avec un Clark Gable fraîchement séparé de sa femme se transforment en une liaison plus sérieuse. (Clark n'avait jamais rencontré de femme comme elle. Elle le complétait et le remettait en question. Il était très intrigué par elle. Ils sont sortis ensemble. C'est devenu sérieux et ça s'est su ; notamment à Hollywood même si Clark était encore marié. Ca aurait pu briser leurs carrières mais leur couple est au contraire devenu légendaire).
Lombard et Gable deviennent bientôt l'un des couples les plus célèbres des Etats-Unis même si Clark repousse l'échéance d'un divorce coûteux et difficile. Le couple défie la morale de l'époque en vivant sous le même toit aux vues et aux sues de tout le monde. Pour la première fois, Carole se sent prête à vivre une expérience paisible. Elaine Barrymore expliquera qu'une fois qu'ils ont été ensemble, c'était comme si Hollywood n'existait plus pour elle. Il la comblait. Elle aimait le faire rire, il était bon public.
Carole Lombard est parfaitement heureuse personnellement et professionnellement. Mais elle va bientôt comprendre qu'il va falloir qu'elle use de tout son charme et de toute son audace pour garder dans ses filets le roi d'Hollywood.
En 1937, Carole Lombard grâce à son succès dans My man Godfrey enchaîne avec une autre comédie tournée cette fois-ci en technicolor : Nothing Sacred, réalisé par William Wellman et produit par David O. Selznick, raconte l'histoire à la fois drôle et cynique de Hazel Flagg, une jeune fille de province que tout le monde croit condamner suite à une erreur de diagnostic. Sa vie est exploitée par un journaliste new-yorkais joué par Fredric March. C'est une comédie au rythme échevelé ce qui lui donne une pêche que peu de comédies ont. Carole est parfaite dans ce rôle.
Nothing Sacred est un nouveau succès pour Carole. Toutefois quand il sort sur les écrans, elle veut briser son image de comédienne burlesque. Elle rêve de décrocher le rôle le plus convoité de l'histoire du cinéma : Scarlett O'Hara dans Gone with the Wind.
Clark Gable est pressenti pour jouer Rhett Butler et pour avoir plus de poids, Carole Lombard tourne une série de films dramatiques. Avec Cary Grant dans In Name Only et en 1939, avec James Stewart dans Made for each other. Dans ce film, elle ressemble à celle qu'elle était dans la vie. Il s'agit de l'histoire d'un jeune couple où elle s'efforce d'être une bonne épouse et de remonter le moral de tout le monde. Mais même quand elle interprète des films dramatiques, Carole ne se départit jamais de son légendaire sens de l'humour.
En 1939, elle est profondément déçue quand le rôle de Scarlett O'Hara est confié à Vivien Leigh. Comble de l'ironie, Clark Gablea accepté celui de Rhett Butler à son instigation. (N'ayant pas confiance en ses talents d'acteurs, Carole a vraiment dû le pousser, elle savait qu'il serait parfait). Mais pour Carole le choix de Clark pour le rôle a un autre avantage. Pour le convaincre, la MGM lui a offert de lui payer son divorce et le 29 mars, à trente ans, Carole Lombard décroche un rôle beaucoup plus intéressant que celui de Scarlett : elle devient Madame Gable. Elle est bien décidée de faire de son deuxième mariage un succès mais ça ne sera pas chose facile. Clark est amoureux mais on dit qu'il a des aventures après le mariage. Rumeurs fondées ou non, Carole en souffre d'autant plus qu'elle fait tout pour être une bonne épouse, se mettant à partager les loisirs de son époux.
Malgré tout, Carole et Clark apparaissent comme le couple le plus heureux d'Hollywood, ils s'entendent à merveille et s'installent dans un ranch à Encino dans la vallée de San Fernando.
En décembre, Carole est fière d'accompagner son mari à la première de Gone with the Wind à Atlanta. C'est une soirée triomphale. Mais de l'autre côté de l'océan, une page sombre de l'Histoire est en train de s'écrire. Après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie, l'Europe est entrée en guerre. L'Amérique observe le conflit avec inquiétude tandis que Carole proclame haut et fort son patriotisme.
En 1941, Carole tourne une autre comédie burlesque : Mr. & Mrs Smith avec Robert Montgomery. Le réalisateur Alfred Hitchcock tourne alors sa seule comédie hollywoodienne juste pour le plaisir de travailler avec elle. Ils plaisantent beaucoup ensemble et Carole s'entend également bien avec la femme d'Alfred Hitchcock.
La seconde guerre mondiale
Quelques mois plus tard, à l'automne 1941, Carole commence un tournage qui cadre bien avec son amour de la démocratie. To be or not to be est une comédie dramatique d'Ernest Lubitsch's qui n'a pas peur de montrer Hitler et la guerre sous un jour satirique. A l'affiche de To be or not to be, Carole retrouve son vieil ami Robert Stack. L'adolescent qu'elle a connu est devenu un jeune acteur séduisant.
Mais la menace nazie dont se moque Carole à l'écran devient bientôt une réalité angoissante avec l'entrée des Etats-Unis dans la seconde guerre mondiale. Aucune actrice ne s'impliquera autant que Carole Lombard dans cette nouvelle cause et aucune ne le payera aussi cher...
En décembre 1941, tandis que l'Amérique se prépare à entrer en guerre, Carole écrit au président Roosevelt et lui propose ses services et ceux de son mari pour aider la cause de l'Amérique. Quelques jours plus tard, Clark Gable est nommé président de la division des acteurs du comité de la victoire à Hollywood. La maison blanche demande à la plus grande star du pays de faire une apparition publique sur sa terre natale, en Ohio, pour vendre des emprunts de guerre. Mais Clark est très réticent, ce qui déclenche un conflit ouvert avec Carole. (Il n'aimait pas les foules et ne savait pas quoi dire. Ce n'était pas son métier. Carole lui a dit : "Ce serait un honneur qu'on me le demande.et il a répondu : "Considère que c'est fait. " Il l'a alors envoyée faire campagne chez elle, pour vendre des emprunts de guerre dans l'Indiana. Elle lui a demandé de venir mais il a refusé). Clark et Carole se disputent toujours le 12 janvier 1942 quand Carole, sa mère et le publiciste de la MGM, Otto Winkler, prennent le train pour un premier meeting pour l'emprunt de guerre à Indianapolis. Malgré le froid, c'est un triomphe. Les gens l'aiment et viennent la voir. Elle vend pour un million de dollars d'emprunts, un chiffre sans précédent.
Mais après quatre jours d'absence, Carole est impatiente de retourner auprès de son mari. (Elle entendait dire que Clark la trompait avec Lana Turner, sa partenaire). Carole veut prendre l'avion. Sa mère a peur en avion et Otto Winkler est contre l'idée mais Carole insiste. D'après une idée de Winkler, ils tirent finalement à pile ou face pour choisir entre le train et l'avion, Carole choisit pile et gagne.
Par hasard, Elaine Barrymore rencontre Clark le jour de ce voyage, il parle de Carole et de son amour pour elle. (Il lui a dit entre autre : "On raconte que je suis un homme à femmes, c'est vrai. Mais elle, elle est spéciale.").
Une fin tragique
Quelques heures plus tard, Clark et le pays apprennent la nouvelle qui laisse tout le monde en état de choc. Un avion s'est écrasé dans les montagnes au sud-ouest de Las Vegas. On pense que tous les passagers sont morts. Carole Lombard se trouvait à bord... (Le pilote a dévié sa route dans un espace interdit de survol. Il avait été licencié par la TWA car il était imprudent. Puis, il avait été réintégré. Clark attendait le retour de son épouse à la maison quand il a appris la nouvelle).
Clark est parmi les premiers arrivés sur le lieu de l'accident. Totalement désemparé, il espère que sa femme a survécu à la catastrophe mais le 18 janvier, c'est officiel : Carole Lombard et tous les autres occupants de l'appareil sont morts sur le coup.
La mort de Carole affecte profondément Clark. Il n'est plus désormais que l'ombre de lui-même. Comme lui, Hollywood et le pays tout entier sont plongés dans l'incrédulité et le chagrin. Tous les studios ferment ce jour-là. Le pays est choqué que cela puisse arriver à quelqu'un d'aussi énergique et plein de vie et tous portent le deuil, pas juste un jour ou deux mais durant des semaines.
Après la mort de Carole, Clark Gable est rongé par la culpabilité. Il roulait sur Sunset Boulevard à une vitesse inconsidérée si on veut vivre longtemps rapportera Robert Stack. Certains pensent qu'il est suicidaire ; cependant, ce n'est pas qu'il veut mourir mais il a perdu le goût de vivre.
En hommage à sa femme, il s'engage dans l'aviation en 1942 et sert deux ans sous les drapeaux en effectuant notamment des missions au dessus de l'Allemagne. Même si l'Amérique s'enfonce de plus en plus dans la guerre, Carole Lombard reste dans les mémoires. Son esprit sera célébré durant tout le conflit. (Un navire de guerre porte son nom : le USS Lombard, baptisé par Clark). Le président Roosevelt déclare Carole première femme tuée dans la ligne du devoir pendant la guerre et lui attribue la médaille présidentielle de la liberté par la suite ; il envoie également un télégramme à Clark pour lui dire combien le pays est reconnaissant du patriotisme de son épouse décédée.
Plus de soixante-dix ans après sa mort, Carole Lombard occupe toujours une place de choix dans le panthéon des stars hollywoodiennes. Son tempérament provocateur, sa gentillesse et son humour lui ont valu l'affection de tous et ses talents de comédienne font toujours le bonheur des spectateurs du monde entier.
Carole Lombard était un esprit libre, une pionnière féministe. Avec le recul, on réalise le rôle qu'elle a joué dans ce métier à travers ses films, ne correspondant pas à l'image de la femme que renvoyait la société de l'époque ..."
CAROLE LOMBARD : L'Ange Profane
Cinemaclassic