Cléopatra - Cléopâtre - 1934
Cléopâtre (Cleopatra) est un film américain réalisé par Cecil B. DeMille, sorti en 1934.
Principaux rôles :
Claudette Colbert : Cléopâtre
Warren William : Jules César
Henry Wilcoxon : Marc Antoine
Quand sort Cléopâtre en 1934, un parfum de scandale entoure le film, causé par les costumes minimalistes de l’actrice Claudette Colbert - qui dévoilaient beaucoup de son anatomie - et par des scènes « osées » pour l'époque. Le code de censure Hays, dont le but était de mettre un terme aux nombreux scandales entachant l'image d'Hollywood en apportant notamment des restrictions sur la nudité et la violence au cinéma, venait tout juste d'être voté ; le réalisateur Cecil B. DeMille en a profité pour « pimenter » son film tant que cela lui était encore possible, mais des scènes ont dû être coupées.
" Ce film met l'accent sur la vie amoureuse de Cléopâtre , qui aima d'abord Jules César, puis Marc Antoine. Elle se suicida après la conquête de l'Égypte par Octave.Avant la fameuse version de Mankiewicz il y eut donc cette précédente tentative hollywoodienne signé DeMille. Exit la profondeur psychologique, la rigueur historique et le spectaculaire, ce n'est pas ce qui intéresse DeMille ici. Bien que respectant relativement bien la trame historique et étant construit sur la même intrigue que la version Mankiewicz (prévu au départ comme un pur remake du film de DeMille) le traitement est très étonnant.
Tout comme l'extravagant Le Signe de la Croix le film semble avoir été réalisé peu avant (où simultanément à) l'instauration du code Hays car on y retrouve le même sens de l'excès (un peu plus symbolique mais tout à fait explicite) avec une atmosphère qui transpire la luxure. Claudette Colbert apporte une interprétation bien différente de la déité vivante qu'incarnera Elizabeth Taylor, jouant avant tout sur son charme naturel et sa sensualité. Poses aguicheuses en pagaille, pagne moulant, tenue largement dénudées et regard coquin c'est un véritable festival dans la lignée de son rôle fameux du Signe de la Croix. Une nouvelle fois, DeMille s'abandonne à de purs moments équivoques et osés qui laissent pantois.
On retiendra plus particulièrement la scène de séduction entre Cléopâtre et Marc Antoine truffé de passages troublants. Le spectacle offert par Cléopâtre en l'honneur de son hôte romain propose donc des femmes panthères qui se font fouetter avec plaisir par des hommes à l'accoutrement limite SM ou encore une pêche en mer dont les filets contiennent des jeunes filles dénudées les membres entremêlés et aux postures lascive. Ce n'est cependant rien à côté de la scène de sexe entre Cléopâtre et Marc Antoine dissimulée par un rideau mais dont les vas et vient sont rendus par les mouvements des galériens sur le bateau et l'orgasme libérateur par des danseuses lançant des paillettes après quelques minutes. On retrouve comme souvent ce paradoxe de Cecil B. DeMille chrétien affiché mais doté d'un incroyable talent (et d'un plaisir certain) pour retranscrire les atmosphères païennes, même si on atteint pas ici les sommets du Signe de la Croix(ce qu'on pouvait attendre puisqu'il n'est pas question de récit religieux ici).
On l'aura compris ce traitement tout particulier détourne quelque peu l'attention de l'intrigue principale qui est pourtant bien menée. A la différence de Mankiewicz l'histoire d'amour César/Cléopâtre est assez expédiée et sert uniquement à montrer les talents de charmeuse et de manipulatrice de Cléopâtre, César n'étant jamais totalement dupe non plus et se servant d'elle pour affermir sa soif de pouvoir. On est loin de la chaleureuse relation Rex Harrison/Liz Taylor de la version Mankiewicz ou de celle mentor/élève de la plus méconnue version anglaise de 1945 entre Claude Rains et Vivian Leigh.
La romance entre Cléopâtre et Marc Antoine (Henry Wilcoxon moins convaincant qu'un Richard Buton bien plus tard) est bien plus approfondie, ce dernier étant décrit comme un gros rustre irréfléchi et machiste rendu totalement docile par son amour pour la reine d'Egypte qui touchée par sa maladresse succombe aussi. Le traitement plus simple que chez Mankiewicz, moins littéraire et plus direct fonctionne pourtant parfaitement. DeMille ne 's'embarasse guère de l'attirail géopolitique et historique et privilégie de rester au plus près de ces personnages sans qu'on ose y voir un film intimiste tout de même puisque le sens du gigantisme, les composition de plan splendide et plus globalement la maestria visuelle du réalisateur est au rendez vous (dont une belle photo de Milner collaborateur régulier).
L'émotion a enfin sa place lors de la bataille finale dotée d'une belle intensité (et on ne se refait pas d'une violence fort marquée encore) le destin dramatique du couple s'avérant vraiment poignant tel cette fabuleuse dernière scène des Romains pénétrant dans le palais de Cléopâtre agonisante. Une réussite bien que les amusants dérapages du réalisateur s'incorporent moins à l'ensemble que dans d'autres de ses péplums."
Chronique du cinéphile stakhanoviste
Avant et Après :
Cléopâtre, film français de Georges Méliès sorti en 1899 (considéré comme perdu, retrouvé en 2005).
Cléopâtre, film français de Henri Andréani et Ferdinand Zecca sorti en 1910.
Cléopâtre, film de Charles L. Gaskill, sorti en 1912, d'après la pièce éponyme de Victorien Sardou.
Marc-Antoine et Cléopâtre, film italien d'Enrico Guazzoni tourné en 1913.
Cléopâtre, film américain de J. Gordon Edwards, sorti en 1917 avec Theda Bara dans le rôle-titre, l'une des premières « vamps » de la Fox.
Cléopâtre, film américain de Roy William Neill, sorti en 1928 ;
Cléopâtre, film américain de Cecil B. DeMille, sorti en 1934 avec Claudette Colbert dans le rôle-titre ;
Cléopâtre une reine pour César, film italien de Piero Pierotti et Victor Tourjansky, film tourné en 1962 sorti en 1963 avec Pascale Petit dans le rôle-titre
Cléopâtre, film américain de Joseph L. Mankiewicz, sorti en 1963 avec Elizabeth Taylor dans le rôle-titre ;
Cléopâtre, anime japonais de Osamu Tezuka sorti en 1970.
Cleopatra, film américain de Michel Auder, tourné en 1970, inédit en France et présenté à la Cinémathèque Chaillot par Henri Langlois, avec Viva dans le rôle-titre, Taylor Mead.
Cléopâtre, mini-série de Franc Roddam diffusée en 1999, d'après Les Mémoires de Cléopâtre de Margaret George.