Inger Stevens - Bio et Photos
" Actrice américaine d'origine suédoise, née Inger Stensland, le 18 octobre 1934, à Stockholm (Suède). Décédée le 30 avril 1970, à Hollywood, Los Angeles (Californie).
Fille de Per et Lisbet Stensland, Inger est l'aîné de deux frères, Olaf et Peter. Six ans après sa naissance, ses parents se séparent. Tandis que le benjamin, Peter, suit sa mère rapidement remariée, les deux ainés sont un temps recueillis par une tante, papa cherchant à se faire une place au soleil de l'Uncle Sam. Fin 1944, Inger et Olaf débarquent enfin à La Nouvelle Orléans avant de rejoindre New York où les attend leur géniteur, professeur d'université, remarié à une Californienne. Les deux enfants se retrouvent bientôt avec une demi-soeur, Lucy, et la famille recomposée s'installe à Manhattan (Kansas).
Inger connaît une enfance turbulente, marquée par le désintérêt parternel pour sa progéniture et des rapports délicats avec belle-maman. Profitant d'une opportunité, elle fuit le domicile familial pour Kansas City où elle trouve un emploi de chorus girl dans un vaudeville, mais son père la retrouve et la ramène à la maison. En 1952, elle termine ses études à la Manhattan High School – où elle s'est fait remarquer par un grande implication dans les activités artistiques (comédie et chant) – et obtient un “job” dans un magasin de musique. Papa ayant obtenu un poste plus avantageux à Lubbock (Texas), la jeune fille se retrouve isolée quelques mois avant de pouvoir rejoindre un cocon devenu plus supportable. Mais ce n'est que pour mieux s'envoler vers Kansas City où elle devient modèle pour défilés de mode.
Décidément très instable, on la retrouve à New York où elle étudie l'art dramatique à l'Actor' Studio de Lee Strasberg (1954), tout en exeçant des petits boulots : mannequin, standardiste, caissière, chorus girl au quartier latin, etc. Prise sous contrat par l'agent Anthony Soglio qui lui trouve son nom d'artiste, elle fait ses premières apparitions à la télévision. Amoureuse ou reconnaissante, elle épouse son mentor en juillet 1955 pour une union qui capote au bout d'un court semestre, le divorce n'étant officialisé qu'en 1958.
Heureusement, le navire a pris les flots et dès 1956, Inger devenue Stevens se produit “on Broadway”. Anthony, peu rancunier et toujours intéressé à ses affaires, lui décroche un contrat avec la 20th Century Fox qui ne débouche sur rien de concret. Finalement remarquée par le producteur Sol Siegel, c'est sous la bannière étoilée de la Paramount qu'elle fait sa première apparition à l'écran dans «Man on Fire» (1957), partenaire vedette de Bing Crosby s'il vous plaît ! Rapidement, une tendresse amoureuse, et puis davantage car affinité il y avait, s'installe entre les deux protagonistes. Mais le crooner, déjà marié, doit sauvegarder son image de bon père de famille et ne tarde pas à mettre un terme à l'aventure.
Sur le plan professionnel, tout semble toutefois aller pour le mieux et la jeune fille occupe le haut des générique pour ses deux prochains opus, le thriller «Cry of Terror» (1958) et la super-production mise en scène par Anthony Quinn – produite et supervisée par son beau-père Cecil B. DeMille –, «Les boucaniers» (1958), avant de participer à la courageuse entreprise de Harry Belafonte, «Le monde la chair et le diable», véritable pamphlet antinucléaire en pleine “guerre froide”.
Aussi est-ce dans l'incompréhension que le public apprend la tentative de suicide de cette jeune actrice à l'avenir prometteur, perpétré le 1er janvier 1960 et au sujet duquel celle-ci ne donnera pas d'explication claire, laissant naître la rumeur que son affaire de coeur inaboutie y serait pour quelque chose.
Mais la jolie dame a des ressources et, deux mois plus tard, elle rejoint un plateau de la télévision, media dont elle deviendra une habituée tant que souffle lui restera. Sentimentalement remise, elle épouse en terre mexicaine un producteur et homme d'affaire afro-américain, Isaac Jones, alors associé du chanteur Nat King Cole. Toutefois, le couple décide de garder cette union secrète, compte tenu des réticences du public de l'époque – est-ce définitivement un signe du passé – envers les mariages inter-raciaux.
De 1963 à 1966, Inger Stevens est la vedette de la série télévisée «The Farmer's Daughter» (101 épisodes) qui lui vaut un Golden Globe Award (1964) et relance sa carrière au grand écran («The New Interns», 1964). En 1967, dirigée par Gene Kelly, elle est la vedette d'une comédie légère bien dans l'air du temps, «Petit guide pour mari volage». À cette époque, son union avec Isaac commence à traverser les frontières de la discrétion et reçoit l'accueil néfaste que l'on pouvait craindre, les problèmes inhérents entâchant la sérénité du couple qui finit par se séparer.
En 1968, vedette du western «Cinq cartes à abattre», elle entame une courte liaison avec son partenaire Dean Martin, confirmant sa prédilection pour les crooners au coeur enchaîné. Mais intéressons-nous plutôt à sa performance dans le western de Ted Post, «Pendez-les haut et court» (1968), dans lequel le séduisant Clint Eastwood promène son personnage irréaliste de vengeur invincible avec la conviction qu'on lui connaît depuis son passage entre les caméras de Sergio Leone. l'année suivante, l'actrice retrouve Anthony Quinn pour ce qui sera son ultime composition pour le 7ème art, «A Dream of Kings».
En 1970, pour les besoins du téléfilm de George Mc Gowan, «Run, Simon, Run», la toujours charmante blonde brûle de passion pour son nouveau partenaire, Burt Reynolds. S'il ne chantait pas, celui-ci devait être pourvu d'autres atouts pour que les deux protagonistes fassent des heures supplémentaires clandestines, allant jusqu'à envisager leur prochain mariage. Lorsque tout à coup survient la terrible nouvelle : Inger a été retrouvée morte dans son appartement, un suicide probable provoqué par l'absoption d'un mélange de barbituriques et d'alcool. Après l'autopsie, son corps fut incinéré et ses cendres répandues dans l'Océan Pacifique. On ne retrouva jamais l'acte officiel de son second mariage et nombreux furent ceux qui, dans la famille ou en dehors, ne furent pas convaincus par les conclusions du médecin-légiste."
Christian Grenier
L'Encinémathèque
" Entre Hollywood et la Suède, ce fut toujours une belle et grande histoire d’amour. De Greta Garbo à Ann Margret en passant par Ingrid Bergman, Marta Toren, Viveca Lindfors ou Signe Hasso, la froide contrée nordique offrit à l’écran américain quelques unes de ses plus belles et plus prestigieuses stars.
Et si elles gardèrent au coeur la nostalgie de leurs lointaines neiges natales et furent parfois un peu revêches et dures à cuire, Hollywood et ces dames n’eurent, tout compte fait, qu’à se féliciter de leur collaboration.
Hélas , pour la belle Inger Stevens, les choses allaient mal se passer et c’est elle qui sonnerait l’heure sombre de cette belle histoire d’amour.
Retracer son parcours n’est guère facile car non seulement la presse de son époque était plus discrète que celle d’aujourd’hui mais Inger Stevens brouillait savamment les pistes, affichant toujours un sourire éblouissant, une santé insolente et une bonne humeur constante!
Mais sous cet aspect de blonde saine et radieuse, couvait, faite d’amours déçues et ruptures désespérantes, une noire dépression doublée d’un instinct morbide qui finiront par avoir raison de cette « happy girl » suédoise.
La future Inger Stevens naît Inger Stensland à Stockholm le 18 Octobre 1934. Elle est la première née du couple Per et Lisbet Stenland qui aura encore deux autres enfants, un fils et une fille avant de se séparer alors qu’Inger n’a que 6 ans.
Elle est déjà au moment de cette séparation une petite fille solitaire et mélancolique, souffreteuse elle manque souvent l’école attrapant tous les virus et les microbes qui passent avec une régularité frisant la perfection, elle n’en loupe pas un seul!
La séparation de ses parents est d’autant plus brutale pour elle que son père décide de ne pas rester en Suéde après que son épouse Lisbet l’ait quitté pour suivre un autre homme. Il part tenter sa chance en Amérique.
Inger est complètement désemparée et si les relations familales n’ont jamais été simples ni cordiales, son père avait au moins le mérite à ses yeux d’adorer le théâtre et de jouer dans une troupe d’amateurs ce qui à la fois la fascinait et la ravissait.
En 1944, son père installé à New-york s’est remarié et a maintenant la possibilité de réunir ses enfants. Inger et son petit frère le rejoignent, la petite fille a 9 ans.
Mais pour être en Amérique, son père n’en est pas devenu millionnaire pour autant. Les temps sont aussi durs qu’en Suède pour Inger à ceci près qu’elle a une autre maison, une autre maman dans un autre pays où on parle une autre langue! Bref c’est une nouvelle vie mais qui n’a pas l’air beaucoup plus folichonne que l’ancienne. Cerise sur le gâteau si tant est qu’il y ait un gâteau, Inger ne s’entend pas avec sa belle-mère.
La vie est déjà difficile pour elle à New-York et les choses se compliquent encore lorsque la famille recomposée déménage au Kansas!
C’en est trop pour la jeune fille qui a à peine 14 ans mais ne se sent plus aucune affinité avec les siens.
Elle fugue une première fois et son père la retrouve chorus girl dans un spectacle burlesque où on l’a engagée sur foi du mensonge qu’elle a fait sur son âge.
Les retrouvailles ne seront pas joyeuses, Inger fuguera à nouveau, mais cette fois elle regagne New-York et se fond dans la foule anonyme allant d’un petit boulot à l’autre.
On perd un peu la trace de la jolie fuyarde qui gardait chevillée au coeur une fascination pour le théâtre et qui finit par s’inscrire aux cours de l’actor’s studio. C’est par ce biais qu’elle se fraiera un chemin jusqu’aux plateaux de télévision où elle apparaît pour la première fois en 1954, à tout juste 20 ans face à Walter Matthau qui restera un de ses plus fidèles amis. L’actor’s studio jouit alors d’une excellente réputation, l’approche du jeu d’acteur qu’on y enseigne, la « méthode » fascine tout le monde et les élèves de la prestigieuse école sont facilement engagés et respectés.
Inger aidée encore par sa fraîche beauté enchaîne les tournages à la télévision jusqu’en 1957 où on lui propose pour la première fois un rôle au cinéma.
Mais attention! Un premier rôle! Les années passées au petit écran ont fait d’Inger une véritable vedette et c’est comme une véritable star qu’elle débute le tournage de « Man on Fire » face à Bing Crosby.
Bing Crosby alors toujours fermement arrimé au sommet de la gloire, veuf de Dixie Lee avec quatre enfants à la maison sort d’une liaison très médiatisée avec une autre blonde: miss Grace Kelly en personne. Inger Stevens va immédiatement tomber follement amoureuse de son partenaire et se sent prête, contrairement à Grace, à tout abandonner pour lui et se dévouer corps et âme à son grand amour tout neuf.
Mais monsieur Crosby a de la bouteille et connaît bien les femmes. Malgré une passion partagée, il n’imagine pas la déjà mélancolique et fantasque Inger en mère de famille nombreuse. Il a besoin de quelqu’un avec une tête solide et bien fixée sur les épaules, il a déjà vécu l’expérience amère d’un mariage avec une épouse tendre et fragile qui a sombré dans l’alcoolisme avant d’en mourir. On ne l’y reprendra pas.
Bing Crosby épouse Kathry Grant en cette même années 1957 et Inger Stevens est littéralement dévastée. Son équilibre déjà instable est complètement ébranlé et après s’être un peu battue avec l’énergie de son désespoir elle commet une tentative de suicide.
Inger Stevens était fragile, et comme Marilyn Monroe elle craindra toute sa vie pour sa santé mentale. L’actrice a deux cousins handicapés mentaux et dès que ses moyens le lui permettont, elle s’engagera sans compter dans la recherche médicale et la protection des enfants malades mentaux.
« Ils croient que je suis belle mais un jour ils se rendront compte que j’ai de trop grands pieds et la tête de travers, ils croient aussi que je suis une actrice mais un jour ils se rendront compte que je ne suis pas capable de faire ce qu’ils me demandent«
Elle s’était jetée, sans doute par bravade à la tête et dans les draps de son partenaire suivant, le très british et très marié James Mason mais la liaison n’avait duré que le temps d’un tournage, Mason avait repris sa vie dès le dernier tour de manivelle de »Cry Terror » donné. Inger était hospitaliés comme Rod Steiger pour avoir inhalé de la fumée toxique lors du tournage d’une scène d’incendie dans un tunnel.
Ce fut la décision d’en finir.
Inger Stevens ne mourrut pas mais dès qu’elle fut rétabllie elle quitta Hollywood et regagna ses chers plateaux de télévision où elle s’engouffra dans le travail durant cinq longues années où elle apparaît dans tous les programmes du moment! Pas une série, pas une émission qui n’ait alors affiché le nom d’Inger Stevens à son générique!
Evidemment la presse s’était un peu gaussée de ce suicide raté qui était alors presque une mode chez les actrices. Pourtant Inger avait été sauvée de justesse et si elle déclara: » Pour une personne avec la tête aussi solide que la mienne, vouloir se suicider est une aberration et la chose la plus stupide que j’aurai faite dans ma vie! Je n’ai plus qu’à rire de moi » Quelques semaines plus tard, l’avion dans lequel elle se trouve à l’aéroport de Lisbonne menace d’exploser, et si tous les passagers fuient l’appareil complètement paniqués, se piétinant les uns les autres pour sauver leurs vies, Inger est la dernière à sortir, d’un calme olympien, avec son sac à main, son manteau et même pas décoiffée. Moins d’une minute plus tard l’appareil explose!
Inger Stevens entre dans la légende du petit écran en reprenant dans la série éponyme le rôle qui avait valu un Oscar à Loretta Young: « The Farmer’s Daughter », un rôle de Suédoise, comme elle.
Lorsque le feuilleton s’arrête après trois longues années d’un succès ininterrompu, Inger est une véritable star et le cinéma se rue sur elle. Les propositions de rôles pleuvent mais les « petits travers » d’Inger Stevens qui ne jouit pas de la protection d’un grand studio sont connus de tous. l’alcool et les stupéfiants font partie de son quotidien. Et surtout il y a cette folle manie de tomber amoureuse de ses partenaires, ce qui ne serait qu’un moindre mal, voire même un avantage pour détendre l’atomosphère sur les plateaux, mais chaque rupture la laisse complètement anéantie et elle sombre un peu plus.
Elle prend en grippe la charmante Yvette Mimieux et un soir que ces deux-là se croisent dans un night club elles s’envoient des bordées d’injures qui médusent l’assistance!
Malgré sa fraîche beauté et sa bonne humeur affichée, l’actrice est en plein désarroi. Bientôt on la compare à Marilyn Monroe, à Marie MacDonald.
Inger avait bien tenté une expérience matrimoniale avec Anthony Soglio, son agent qui l’avait rebaptisée « Stevens » et avec qui elle avait été mariée de 1955 à 1957 , mariage qui avait pris fin avec l’arrivée de Bing Crosby dans le jeu de quilles.
Elle va se jeter avec une passion folle qui tient du désespoir à la tête de ses partenaires successif pour des liaisons qui ne tiennent que le temps d’un tournage et de quelques week-ends. Anthony Quinn, Clint Eastwood, Dean Martin et le producteur Allen Baron vont se succéder sans s’attarder dans sa vie.
Anthony Quinn eut d’ailleurs ces mots au moment de leur rupture, mots très dur mais qui avec le recul sonnent terriblement justes: « Qu’est-ce que tu fais à Hollywood? Ce n’est pas ta place! Tu aurais dû rester en Suède, épouser un camionneur et lui faire dix enfants!«
On lui attribua même une liaison avec Mario Lanza, ce qui me paraît quand même très incongru, elle s’afficha au mépris du scandale avec l’acteur noir Harry Belafonte et on la dit en 1961 mariée à Tijuana mais aussitôt séparée avec Ike Jones, producteur noir et associé de Nat King Cole . Mariage tenu secret suite aux cuisants déboires de May Britt ou de Jean Seberg. Inger n’en était pourtant plus à un scandale près.
Si le mariage d’Inger et Ike est bien réel, leur divorce ne l’est pas. Même s’ils furent souvent séparés, ils étaient toujours légalement mariés à la mort d’Inger et c’est Ike Jones qui s’occupera de ses funérailles.
Si Inger Stevens avait fini par renouer des relations amicales avec sa mère Lisbet, elle avait failli se faire virer manu militari de la cérémonie des Oscars où elle était venue affublée d’une ultra micro robe moins large qu’une ceinture et décolletée jusqu’au nombril.
A l’heure de sa fin elle venait de rompre avec Burt Reynolds.
Le 30 Avril 1970, Inger est à nouveau seule, elle partage un appartement avec Lola MacNally, sa coiffeuse sur son dernier tournage avec qui elle s’est liée d’amitié, voir un peu plus selon quelques gazettes pseudo informées.
C’est Lola qui ce triste jour découvre Inger inanimée sur le sol de la cuisine. Elle a une petite coupure au menton qu’elle s’est faite dans sa chute en se cognant sur le coin d’un meuble.
Emmenée à l’hôpital, Inger décède dans l’ambulance. Son autopsie révèle une surdose de barbituriques et d’alcool il est conclu officiellement au suicide.
Inger Stevens sera incinérée et ses cendres dispersées sur l’océan.
Comme pour Carole Landis, les proche et la famille d’Inger Stevens réfutèrent la thèse du suicide. Ils en veulent pour preuve qu’elle avait son agenda rempli pour les prochaine semaines et qu’elle était, à l’heure de sa mort, plongée dans les essayages de ses robes pour son prochain programme Tv.
Peu importe au fond, qu’Inger Stevens se soit donné volontairement ou non la mort, il vient un temps, lorsqu’un être a beaucoup souffert, où son coeur refuse de battre encore.
Il reste de cette femme belle et fragile, le souvenir de son talent dans des beaux films qui nous la rendent dans toute son humanité.
Que celà nous suffise, le reste est son affaire. Inger Stevens nous a beaucoup donné, nous lui avons pris beaucoup, laissons-lui ses derniers secrets."