Martha Hyer - Bio et Photos
Martha Hyer est une actrice et scénariste américaine, née le à Fort Worth (Texas), morte le à Santa Fe (Nouveau-Mexique).
Martha Hyer joue au cinéma entre 1946 et 1973. Un de ses films les plus connus est Comme un torrent (Some Came Running, 1958), aux côtés de Frank Sinatra, Shirley MacLaine et Dean Martin, pour lequel elle obtient une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 1959.
À la télévision, elle apparaît dans des séries de 1950 à 1974.
Son unique contribution comme scénariste, sous le pseudonyme de "Martin Julien", est pour Une bible et un fusil (Rooster Cogburn, 1975), avec John Wayne et Katharine Hepburn.
Elle était veuve du producteur de cinéma Hal B. Wallis (1899-1986) qu'elle avait épousé en 1966.
Martha Hyer est de ces actrices très connues du grand public, dotées à la fois d’une beauté parfaite et d’un talent certain mais qui ne trouvèrent jamais vraiment leur place à Hollywood.
Mais Martha Hyer était de surcroît dotée d’une personnalité si spectaculaire que tout compte fait elle aurait peut-être été aussi célèbre sans jamais faire de films!
Après avoir végété telle qu’en elle-même, brune texane elle était, elle allait connaître un très inattendu coup de pouce.
Un coup de chance où elle ne serait pour rien mais qui allait changer à jamais sa vie en commençant par sa couleur de cheveux.
En 1956, miss Grace Kelly abandonne Hollywood pour s’exiler sur un rocher de la Méditerranée.
Comme c’est l’usage on lui chercha une remplaçante et parce que Martha avait laissé une durable impression en bêcheuse blonde de Long Island dans « Sabrina », on songea à elle comme une évidence. Elle devint la Grace Kelly de substitut!
Malheureusement, Hitchcock ne souhaite pas la déifier et renonce à la diriger dans « Psychose ».
La nouvelle Grace Kelly devient princesse à son tour, princesse des rôles de fiancées du héros un tantinet guindées et qui se font piquer leur mâle par une autre actrice sans doute moins classieuse mais plus dégourdie!
C’est pour s’être fait souffler Frank Sinatra par Shirley MacLaine dans « Comme un Torrent » qu’elle sera nommée aux Oscars.
Mais miss Hyer fut surtout une jet setteuse exemplaire qui prit dans sa vie plus de yachts que de taxis et elle fut surtout une sensationnelle collectionneuse d’art qui finit par être la propriétaire d’une collection plus célèbre qu’elle!
Elle a fait avec sa collection d’œuvres d’art des plus values qui firent d’elle une des plus avisées femmes d’affaires du siècle et une milliardaire qui fut peut-être la plus dispendieuse de son temps!
Miss Hyer consolida alors sa situation en épousant Hal B. Wallis, le producteur au 400 films qui fit d’elle une épouse puis une veuve richissime.
Retirée des écrans depuis 1974, Martha Hyer se consacra à ses tableaux, à son mari puis à ses bonnes œuvres avant de s’éteindre à 90 ans moins deux mois dans sa propriété de Santa Fe, fermant les yeux comme il se doit sur un matelas de devises, un oreiller de lingots et devant son Toulouse Lautrec préféré.
MARTHA HYER
L’AUTRE GRACE
Le 10 Août 1924, Martha Hyer vient au monde à Fort Worth au Texas dans une famille aisée. Son père Julien c. Hyer est le sénateur de l’état et accessoirement président du Lion’s Club.
Sa mère Agnès reste à la maison à s’occuper de sa première fille Agnès jr.
En 1929, une petite Jeane viendra compléter le trio des filles Hyer.
Pour être des petites filles d’un milieu aisé, les petites Hyer n’en seront pas moins de véritables petites texanes jusqu’au bout de leurs bouclettes brunes !
Au cinéma elles n’aiment que les westerns avec une nette préférence collégiale pour Tom Mix !
Lorsque Tom Mix se tue au volant de sa voiture en Arizona le 12 Octobre 1940, l’horreur et l’injustice entrent dans la vie des trois sœurs qui n’ont encore connu pire drame que la mort de leur acteur préféré !
Mais c’est l’amorce d’autres changements, à commencer par un déménagement de Fort Worth vers San Antonio. Un nouveau déchirement mêm si San Antonio est aussi au Texas et seulement à 300 miles de là. Cinq heures à peine dans la Packard de papa mais qu’importe à leurs yeux c’est l’exil.
Mais Martha n’en a pas fini avec l’éloignement. A la rentrée 1941 ses parents l’inscrivent à un collège très réputé…En Virginie.
Ayant sans doute pris goût à la liberté que donne l’éloignement, Martha continuera ses études en Illinois et aura ensuite la permission de passer l’été à nourri sa passion pour l’art dramatique à la session d’été de la célèbre Pasadena Playhouse en Californie.
Nous somme sen 1945. En Europe la guerre est finie mais son père y est resté avec la quinzième armée. Il sera juge et avocat aux procès de Nuremberg.
Préservée des échos de la fureur nazie dans une Amérique qui estime encore que l’extermination industrielle des peuples par la seule volonté d’un barbare nazi n’est pas affaire de jeunes filles, Martha Hyer fait donc du théâtre.
Et non seulement elle fait du théâtre ce qui pour elle est déjà un bonheur absolu, mais elle a tapé dans l’œil d’un talent scout de la Paramount , Milton Lewis qui se fait fort de revenir bientôt la voir avec un contrat de son studio.
Martha ne se tient plus d’impatience et se voit déjà hantant le studio des plus grandes étoiles des années 30 comme Carole Lombard, Marlène Dietrich, Mae West et Claudette Colbert.
Une belle déconvenue en perspective puisqu’elle n’aura plus jamais de nouvelles de ce bon Milton Lewis.
Qui aurait pu croire alors que son destin, alors qu’elle était à deux pas des studios hollywoodiens se jouait sur le bureau de son père à Nuremberg où se jouaient les têtes des criminels de guerre !
La chanteuse Ella Logan qui amis sa carrière à Broadway et à Hollywood en veilleuse pour divertir les troupes en Europe voit par hasard la photo de Martha joliment encadrée sur le bureau de son père en Allemagne.
Séduite par la ravissante jeune femme dans son cadre, lorsqu’elle apprend que Martha est en ce moment même à la Pasadena Playhouse téléphone immédiatement à son mari.
Son mari Fred Finklehoffe…Producteur à la Century Fox !
Etrangement, c’est à la RKO que Martha Hyer obtiendra son premier contrat.
On la verra apparaître, à peine il est vrai en 1946, à peine un courant d’air dans l’ombre de Robert Mitchum !
La première fois que l’on s’intéressera à elle c’est parce qu’elle aura retardé le tournage d’un western tourné en extérieurs !
La pauvre Martha avait été terrassée par une péritonite en plein milieu de nulle part et si ce n’était pas de sa faute, ce n’était quand même pas une chose à faire !
Et puis il y a un autre élément qui va perturber les débuts, et même la carrière à Hollywood de Martha Hyer, même si elle n’a rien à y voir.
Cinq mois après la naissance de Martha, le 30 Janvier 1925, naissait en Illinois une petite fille qui allait grandir au Texas et allait devenir l’actrice Dorothy Malone.
Or, Dorothy sera elle aussi repérée par Hollywood et qui de plus est par le même studio que Martha, la RKO.
Dorothy arrive en 1944 et Martha en 1946. Dorothy sera alors déjà partie voir ailleurs.
Mais les deux texanes ont à leur arrivée le même type physique de belles brunes en bonne santé.
Leur emploi est rigoureusement identique et l’une comme l’autre piétine sans rien trouver de palpitant à tourner.
Pour Hollywood non seulement elles font office de doublon et qui de plus est des doublons inutiles.
Etrangement leurs carrières resteront similaires.
Toutes deux devront devenir blondes pour enfin connaître une véritable notoriété.
Toutes deux resteront cantonnées aux seconds rôles dans des films de prestige et aux premiers rôles dans les westerns ou dans des séries B
Toutes deux trouveront des rôles plus intéressants à la télévision.
Et enfin toutes deux seront consacrées par les Oscars, pour un second rôle comme il se doit.
C’est là que la carrière de Dorothy Malone prendra le pas sur celle de Martha puisqu’elle remportera la précieuse statuette en 1956, ce qui ne sera pas le cas de Martha trois ans plus tard.
Mais revenons-en aux débuts de Martha Hyer, toujours brune et maintenant débarrassée de son appendicite.
Son studio n’ayant que peu de choses à lui faire faire, Martha encaisse son salaire hebdomadaire très confortable, surtout pour ne rien faire et fait confiance à son agent Frank Orsati pour lui trouver un peu d’occupation.
C’est grâce à lui qu’elle est néanmoins présente dans la vie Hollywoodienne. Elle fait des inaugurations, pose pour les photographes, pose des couronnes de miss sur la tête d’ambitieuses starlettes, assiste à des réceptions où elle finit d’ailleurs par nouer des amitiés solides avec des stars aussi diverses que Rosalind Russell , Merle Oberon ou Elizabeth Taylor.
On la voit beaucoup avec le réalisateur Ray Stahl, elle est une assidue des restaurants les mieux réputés, des night clubs les plus en vogue mais on la croise également beaucoup chez Revillon, Harry Winston et chez le concessionnaire Cadillac du coin.
Pour se distraire en attendant son prochain film sur lequel elle compte beaucoup pour atteindre à la notoriété elle aime à collectionner les visons, les diamants et les décapotables.
Le film sur lequel compte tellement Martha Hyer c’est « Geisha Girl » qui se tournera en décors naturels au Japon durant tout un an.
L’entreprise impressionne beaucoup, on parle énormément du film en préparation. Martha, de contentement s’en offre un nouveau rang de perles !
Elle a de quoi être enfin satisfaite !
Nous somme sen 1951, il y a cinq ans qu’elle est à Hollywood.
Avant le départ, elle accepte d’épouser Ray Stahl.
Le couple s’offre un voyage de noces aux Bermudes.
Martha décrète ensuite qu’il n’y a guère que New-York qui convienne à sa distinction pour y vivre, Hollywood étant décidément trop vulgaire.
Le couple s’offrir une maison hors de prix dans un des quartiers les plus chers de la ville.
Le jeune mari n’a rien de plus pressé que d’y installer sa mère qui se charge de la décoration comme de « tenir » la maison.
La belle-mère de Martha Hyer n’est autre que Roxanna McGowan, une ancienne « bathing beautie » de ce cher Max Sennett.
Martha Hyer tient dorénavant à afficher un standing digne de la future réputation que lui vaudra « Geisha Girl ».
Bien plus tard on découvrira que telle Marilyn Monroe, elle est bookée à l’agence Conover spécialisée en pin-up girls et pose sous le pseudonyme de Martha Lou Spring !
Martha Hyer rentrera du Japon bien moins fanfaronne qu’elle n’y était partie.
« Geisha Girl » est un flop qui sombre instantanément dans l’oubli le plus complet après avoir à peine surnagé dans une indifférence tout aussi absolue ! C’est une lourde déception pour le couple car Ray Stahl avait non seulement participé à la réalisation du film mais il en avait commis le scénario et produit grâce à la société de production de sa mère alors recyclée dans ce nouveau métier.
Ray Stahl ne doutant pas du triomphe de « Geisha Girl », il était prêt à mettre son film suivant en chantier, toujours avec Martha en vedette mais cette fois au Kenya.
Malgré l’échec du film japonais maman œuvra à la libération des capitaux pour « The Scarlet Spear ».
Roxanna avait tout lieu d’être satisfaite au retour de son fils chéri puisqu’il avait tourné deux films au Japon au lieu d’un. « Oriental Devil » et « Geisha Girl ».
Le couple s’envole vers l’Afrique et Martha Hyer en tombe follement amoureuse. par contre, son mari, cinéaste besogneux et fils à maman incapable de choisir son menu du soir sans son avis commence sérieusement à l’agacer !
Ses scènes terminées, elle rentre seule en Amérique laissant son mari finir son film tout seul !
En 1954 le couple Stahl est divorcé.
Ray Stahl ne connaîtra jamais le succès ni en tant qu’auteur ni en tant que réalisateur. En 1958 il se remariait avec Mary Ann Blake et décédait huit mois plus tard, le 9 Avril 1959 à seulement 38 ans.
Martha, rentrée d’Afrique à Hollywood repartira bientôt pour un autre film en Alaska.
Mais en attendant, elle prend peu à peu du galon même si son accession au vedettariat reste laborieuse.
Elle joue les vamps rousses dans « Lucky Me », une comédie qui n’a pour seul mérite que de réunir Doris Day et Frank Sinatra à l’écran.
Ensuite elle tourne avec Abbott et Costallo « Deux Nigauds chez Venus » . Un autre film qui n’aura lui aussi que peu de mérite : Un rôle intéressant par Mari Blanchard et surtout les débuts spectaculaires d’Anita Ekberg.
Martha tourne donc des films, souvent médiocres, donnant même la réplique à « Francis la mule qui parle ».
Elle se distrait comme elle peu en attendant sa chance. On la dit très liée avec Phil Silver son partenaire dans « Lucky Me » ainsi qu’avec Gene Kelly.
Un amoureux d’un soir lui offre le tout nouveau modèle de chez Ford : Le cabriolet Thunderbird !
Martha trouvera la décapotable noire dûment enrubannée devant sa porte, ce qui fait d’elle la propriétaire de la même voiture que Natalie Wood, Joan Collins, Audrey Hepburn, Glynis Johns, Frank Sinatra, Arthur Miller, Annette Funicello et quelques autres !
Un peu trop de monde sans doute, Martha se précipite sur le nouveau coupé Lincoln, le même que son amie Elizabeth Taylor !
Bref, petit à petit sa vie sociale à Hollywood prend de l’importance. Elle s’est liée avec Jack Warner, avec la famille Gary Cooper qui l’invite à la maison sans façon et elle a même fait la rencontre à Hollywood d’une jeune actrice dont la réussite a été fulgurante : Grace Kelly.
Et après Dorothy Malone, c’est Grace Kelly qui aura une influence décisive sur la carrière de Martha Hyer.
Grace a donné à Hollywood en seulement quelques mois de nouveaux critères de distinction à l’écran. Elle est devenue la quintessence, presque la caricature de l’élégance filmée.
Et maintenant, lorsqu’il y a dans un film un rôle d’élégante mondaine, c’est sous les traits de Grace Kelly que les scénaristes et les réalisateurs l’imaginent.
Et si le rôle ne convient pas à la nouvelle icône, il faut trouver une actrice qui accepte de se glisser dans le moule.
C’est ce que fera Martha Hyer dans « Sabrina » puisque le scénario prévoyait que William Holden soit fiancée avec « une Grace Kelly de Long Island ».
Martha apparaît blonde, racée, en robe du soir valsant tantôt avec William Holden et tantôt avec Bogart, le tout sous la direction de Billy Wilder, alors le plus prestigieux réalisateur à la diriger après huit ans de présence à Hollywood.
Le rôle est certes un rôle secondaire puisque Sabrina n’est autre que la délicieuse Audrey Hepburn, oscarisée à Hollywood dès son premier film !
Martha y est sa rivale plutôt antipathique, le rôle est court et risqué mais le film est un triomphe absolu, un classique d’emblée.
C’est la première chance de Martha Hyer et ce changement de registre va tomber on ne peut mieux.
Devenue une sorte de Grace Kelly de secours pour seconds rôles, elle joue néanmoins dans la cour des grands !
Elle fréquente les mêmes soirées que John Kennedy où arrivée au bras du millionnaire texan Edwin Fort troisième du nom elle refuse les invitations du futur président, préférant se distraire avec Danny Kaye ou dans les bras plus musculeux de George Nader !
Mutine, Martha déclare aux journalistes : « Je suis follement amoureuse de mon dentiste ! »
Et puis la grande chance va venir en dehors des plateaux de cinéma.
Grace Kelly accepte d’épouser le prince Rainer de Monaco et s’exile définitivement sur son rocher méditerranéen.
Hollywood se sépare alors en deux clans.
Ceux qui croient que Grace Kelly reviendra d’ici quinze jours
Et les autres qui font une croix définitive sur son altière présence et lui cherchent une remplaçante comme le veut l’usage à Hollywood lorsque quelqu’un déserte.
Et au jeu de la remplaçante de Grace Kelly, Martha Hyer s’impose comme une évidence absolue !
Elle va alors tourner sans relâche, la presse s’extasie, elle donne la réplique à Tony Curtis à Cary Grant à Frank Sinatra, refuse de la donner à Rock Hudson avec qui elle n’ a pas d’affinités et enfin elle est nommée aux Oscars pour son rôle d’institutrice follement chic mais un tantinet guindée et fiancée éconduite de Frank Sinatra.
Martha Hyer sera évincée par Wendy Hiller, il est vrai saisissante dans « Tables Séparées ». Shirley MacLaine, sa rivale dans le film rentre elle aussi bredouille, Susan Hayward lui raflant la statuette sous le nez pour « Je Veux Vivre ».
Peut-être un peu dépitée, Martha se consolera avec Grant Williams, Don Taylor et Jeff Williams. George Nader, le plus assidu rôde toujours dans les parages. On la verra également beaucoup avec John Bentley qui avait été son partenaire dans les films mis en scène par son mari.
Alors que Martha expose ses toiles dans une galerie New-Yorkaise et que Bentley l’accompagne au vernissage, un journaliste invité plutôt que de s’intéresser au talent pictural de Martha lui demande « Qu’est-ce que John Bentley fait là ? Vous êtes son assurance chômage, Martha ? »
On l’égratignera encore un peu lorsque partie à New-York pour y présenter ses toiles, elle rentrera à Hollywood après avoir pillé les ventes aux enchères et acquis un Utrillo, un Renoir un Duffy et quelques autres chef d’œuvres.
Martha Hyer va terminer la décennie en digne vedette d’Hollywood qu’elle est devenue.
Villa sublime, limousines rutilantes, contrat richement payés, partenaires de prestiges, nomination aux Oscars, tournage à Paris, inauguration de l’hôtel Hilton à la Havane. Elle ne fréquente plus que des stars, de riches producteurs , des avocats célèbres ou des princes du sang.
Sa collection de tableaux devient presque aussi célèbre qu’elle. Elle s’est entichée des impressionnistes français juste avant que leur cote n’explose, déclarant à la presse : « Je refuse de me séparer de certains tableaux alors qu’on m’offre cent fois le prix que je les ai payé sil y a six mois ».
Martha Hyer ne ment pas, la spéculation sur la peinture connaît une telle flambée que les records des ventes sont battus dès le lendemain.
Certaines salles de ventes retirèrent leurs tableaux de maîtres du catalogue en attendant que le marché se calme et il n’est pas impossible d’imaginer qu’Elizabeth Taylor et Martha Hyer soient pour quelque chose dans cet engouement soudain !
Martha Hyer affirme alors être ravie de sa nouvelle maison ca elle est construite pour une femme seule et est donc munie d’un système d’alarme ultra perfectionné ce qui est parfait pour sa collection de tableaux désormais célèbre dans le monde entier.
Six mois plus tard elle se désespère « J’ai été cambriolée ! »
Il faut dire que la villa qui surplombait les collines de Beverly Hills dans un isolement parfait avait été construite en forme de X géant pour que toutes les pièces aient une vue et qu’elle avait été peinte et décorée ensuite dans une gamme de tons destinés à mettre à la fois les vues en question et la collection de toiles de maître très en valeur.
Le grand public avait presque suivi les travaux en temps réel et la villa sera inaugurée avec un article de 11 pages dans LIVE magazine !
Les toiles qui lui ont été dérobées sont si célèbres que les voleurs n’arriveront pas à trouver preneur et…proposeront à l’actrice de racheter son propre bien pour 40.000$ .
Ce qu’elle acceptera et lui vaudra pas mal d’ennuis avec sa compagnie d’assurance en plus des ennuis qu’elle avait déjà…avec le fisc !
Et le cinéma dans tout ca ?
Ne s’adressant plus guère aux journaux pour parler de ses toiles et nier ses dernières liaisons, elle est peu à Hollywood.
Après s’être entichée de l’Afrique elle s’est entichée de Paris. Ou alors elle se repose chez son ami le prince Aga Khan. A moins qu’elle ne soit sur un yacht amarré à Monte Carlo pour le grand prix automobile, qui sait ?
Mais pendant ce temps où Martha savoure son statut de précieuse Grace Kelly d’Hollywood, menant d’ailleurs plus grand train que celle de Monaco, le cinéma change et les années 60 ne seront plus les années 50.
Marilyn va s’éteindre, Jayne Mansfield grossir et Diana Dors rentrer chez elle. Le blond platine, le vision tourmaline et la Cadillac aigue-marine font soudain office de panoplie pour Barbie attardée.
L’Amérique va découvrir le rock, le jean’s le LSD la pilule contraceptive, le Viêt-Nam, le Flower Power et le président assassiné.
Martha Hyer peut bien descendre d’un yacht en or massif avec la Joconde sous le bras, force est de dire que les fan des Beatles s’ne fichent un peu et même tout à fait.
Et le pire dans tout ca, c’est que l’on se fout bien en Amérique de savoir ce qu’ a bien pu devenir Grace Kelly sur son rocher.
Se souvient-on même de qui elle est ?
Alors sa doublure…
Martha va comme toutes les autres divas de l’âge d’or trouver un intéressant refuge à la télévision où elle va mener une prestigieuse carrière. Elle va aussi se diriger vers le théâtre.
Quant au cinéma qui après avoir brigué l’assentiment des intellectuels, il ne brigue plus que la satisfaction des enfants et des adolescents.
Martha tournera une kyrielle de westerns genre qui plaît toujours aux gamins, croisera quelques martiens et tâtera du « Beach party film » qui connut une gloire aussi fulgurant qu’éphémère dans la foulée de « Where the Boys Are ».
Ensuite, Martha s’érotisera, quitte à se vulgariser un peu pour tenir la dragée haute à la nouvelle venue Carroll Baker qui brigue à la fois les lauriers de Jean Harlow et de Marilyn Monroe.
Sa carrière n’en sera pas bouleversée pour autant et ira vers le même inexorable déclin que pour toutes les stars des années 50 .
Elles auront vu leur étoile pâlir au fur et à mesure que les grands studios ne géraient plus leur carrière dans les années 60 sombreront dans une complète désuétude dans les années 70.
Martha s’en soucie-elle vraiment ?
Certes, car elle ne tient pas à voir ses revenus diminuer mais d’un autre côté, elle a fait une rencontre décisive. Celle du producteur Hal B .Wallis.
Hal B .Wallis a 22 ans de plus que Martha Hyer.
Il travaillait déjà à la Warner quand elle naissait au Texas.
Ils s’étaient rencontrés par le plus grand des hasards, à bord d’un avion au début des années 60.
Et la presse qui suivait Martha au centimètre près pour connaître ses dernières « dates » et en faire les gros titres, n’y vit que du feu.
En 1966, Martha épousait le producteur aux 400 films et à la surprise générale !
Le couple Wallis s’installe dans une nouvelle villa et Martha commente « Je suis contente de déménager, c’est désagréable de devoir accrocher un Van Gogh au dessus de sa baignoire faute de place sur les murs ! »
Le couple se marie le 31 Décembre 1966, Wallis a 68 ans et son épouse 42 même si la presse en déclare pieusement 37.
Le couple s’envolera ensuite pour Israël afin d’y célébrer un second mariage selon les rites de la religion hébraïque.
Ensuite ce sera le voyage de noces le plus sensationnel de la saison puisque, rappelons-le, Hal B. Wallis est un des hommes les plus riches d’Hollywood !
L’Autrice, l’Italie, Venise, la Sicile, Capri, le Mexique et enfin Hawaï, c’étaient là les quelques derniers endroits du globe terrestre où Martha Hyer n’avait pas encore posé son luxueux petit peton.
De retour à Hollywood, bien que Wallis incite Martha à persévérer dans sa carrière, elle se fait de plus en plus discrète aux écrans, tant sur le grand que les petits.
Elle préfère inviter Elvis à dîner et tenter , en vain, de l’initier à la peinture ou suivre son mari partout dans le monde où son métier de producteur l‘appelle.
C’est ainsi, qu’au gré des tournages de films où elle n’est pas elle vivra pour un temps à Londres, à Vienne, à Venise, à Salzbourg et même en Oregon ! Ou à Saint Jean Cap Ferrat chez son ami David Niven ou encore sur un yacht, tellement plus pratique pour les tournages en mer !
Cette vie fastueuse ne sera troublée que par le décès de la mère de Martha Hyer au printemps 1969. Une perte qui va l’ébranler bien plus qu’elle ne va l’avouer.
Martha Hyer va se tourner vers le paranormal puis vers la religion.
Estimant qu’elle a dépensé trop d’argent trop égoïstement durant toute sa vie.
Elle avoue à son mari être imbriquée jusqu’au cou dans un réseau de prêts maffieux et la libérer de ses créanciers inavouables coûtera autant d’argent en frais de justice que les sommes dues elles-mêmes et le FBI lui-même devra s’en mêler !
Enfin débarrassée, Martha Hyer va se consacrer aux bonnes œuvres et dépenser sans plus compter l’argent d’Hal B. Wallis.
Lorsqu’il souffrira du diabète, ils investiront des sommes astronomiques dans la recherche médicale.
Le 5 Octobre 1986, Hal B.Wallis la laissera veuve malgré des années de soins constants. Il avait 88 ans.
Le couple qu’elle formait avec Wallis avait fini par n’être plus connu comme un couple de cinéma mais comme un couple d’importants mécènes.
Après son veuvage, Martha liquidera tous les biens qu’ils avaient encore à Los Angeles et se retirera dans la villa qu’ils possédaient à Santa Fe.
Cette maison du nouveau Mexique avait fini par devenir son lieu de vie préféré.
Elle se retira complètement de la vie publique.
Elle s’était déjà retirée des écrans en 1974 après une ultime apparition à la télévision dans…Un western !
C’est là qu’elle s’éteindra 40 ans après avoir abandonné son métier d’actrice le 31 Mai 2014 avec le seul secours de sa foi.
Elle aurait fêté ses 90 ans deux mois et dix jours plus tard.
CELINE COLASSIN